"La vie fulgurante de Jean ZAY "
Pour sa quatrième saison des Figures d’humanité, les Amis de l’Humanité, en partenariat avec la Maison de la poésie, ont rendu hommage à Jean Zay, ministre du Front populaire assassiné en 1944 par des miliciens français.
Jean Zay (né en 1904, à Orléans), dont un lycée porte le nom, a été joliment honoré, samedi après-midi, à la Maison de la poésie (1). Député à vingt-sept ans, ministre à trente et un (nommé par Léon Blum), prisonnier politique à trente-six, assassiné à trente-neuf ans, cet homme a eu un itinéraire hors du commun.
Jean Zay n’est rien de moins que l’instigateur de la démocratisation du savoir et de la culture, du théâtre populaire pour tous, du CNRS, de la démocratisation des musées, de la défense d’un droit d’auteur, du Festival de Cannes (imaginé en 1938 !), de la Cinémathèque française, de l’école obligatoire jusqu’à quatorze ans, des classes découvertes en plein air, de la pédagogie moderne (un enseignement plus vivant), etc. Jean Zay était un ministre de l’Éducation visionnaire.
Son credo : « La République repose avant tout sur le civisme et l’intelligence des citoyens, c’est-à-dire sur leur éducation intellectuelle et morale (…). » Il est « contre les utopies révolutionnaires ». Pour lui, la politique est ce « mouvement par lequel l’humanité s’approfondit et devient en quelque sorte plus digne d’elle-même ».
Juif, franc-maçon, partisan de l’union des gauches et du soutien de l’Espagne républicaine, antifasciste et antinazi, ministre de l’Éducation, Jean Zay est très tôt considéré par la droite extrême (celle de Rebatet) comme l’homme à abattre. Le 20 juin 1944, il est éliminé dans des conditions abominables et honteuses. Après un simulacre de procès, il est dénudé et tué d’une balle dans le dos, puis jeté dans un puits, avant d’être grenadé pour qu’il ne reste rien de lui.
Comme l’a rappelé Charles Silvestre, Jean Zay est un personnage « jaurésien », au sens où ce grand républicain méconnu a donné sa vie à la lutte pour la paix et la justice sociale. Il prônait l’éducation et la culture pour tous.
Claude Guerre, directeur de la Maison de la poésie, qui jouait le rôle de modérateur, a présenté les deux filles de Jean Zay, Hélène Mouchard-Zay et Catherine Martin-Zay, qui ont lu des textes de leur père. L’acteur, dramaturge, Jean-Paul Wenzel (cocréateur des Fédérés, d’un théâtre populaire, à Hérisson et à Montluçon, dans les années 1970), a relaté son expérience. Puis, Emmanuel Laurentin (producteur de la Fabrique de l’histoire, à France Culture), et Antoine Prost, historien, ont débattu.
Ce dernier, auteur de livres sur Jean Zay (entre autres), a emporté l’adhésion du public par son humour (il envisage de titrer son nouvel ouvrage: De Jean Zay à Claude Allègre, son exact contraire…). Sans céder au culte du héros, il préfère évoquer un « homme de bien », à « l’intelligence prodigieuse (…) Pas plus que Jean Moulin, il n’était un héros mais un juste. Un résistant inconnu… Il faudrait créer la tombe du résistant inconnu », conclut-il.
(1) Charles Silvestre et Ernest Pignon-Ernest ont annoncé que Bernard Lubat sera le prochain invité en novembre. Puis, en décembre, Edmonde Charles-Roux, présidente d’honneur des Amis de l’Humanité, dialoguera avec l’acteur Philippe Caubère, à propos de son spectacle Marsiho (Marseille et sa relation avec l’écrivain André Suares…), qui fut donné en off au dernier Festival d’Avignon.
Invitation ASSEMBLEE GENERALE 23/01 - Film Raymond Aubrac
“Comment parler de la Résistance aux enfants ?”
Support : Ouvrage
Référence : 00026651
Prix : 17,50 €
ISBN/ISSN : 9782360800551
Bientôt à Marseille : création théâtrale sur Jean ZAY
« Il est demeuré de Jean, pour les hommes et les femmes de ma génération,
et surtout pour ceux qui l’ont approché, connu et admiré, une image exceptionnelle de lumière, d’intelligence et d’humanité…
Ceux qui l’ont assassiné ont porté un coup non seulement
à ceux qui l’ont aimé, mais au pays tout entier. »
Pierre Mendès-France
Intentions de Raymond Vinciguerra
Créer une pièce de théâtre inspirée de la vie et de l’oeuvre littéraire et politique de Jean Zay permet de réhabiliter la mémoire d’un personnage historique humaniste, quasiment effacé aujourd’hui de l’histoire collective, qui incarne la résistance pacifique face à un régime d’oppression. Ce regard sur le passé est une nécessaire vigilance face à une certaine anesthésie des consciences.
Montrer l’injustice qui a touché un homme, interroger notre société actuelle et en faire résonner les dangers pour éviter que l’histoire ne bégaie... Le devoir de mémoire : se souvenir pour ne pas reproduire… Malgré la fin tragique de la vie du personnage, la soif de liberté de Jean Zay reste éperdue ; sa confiance dans l’humain, qu’il ne cesse de ressentir même dans les moments les plus difficiles de son incarcération, réveille une véritable conscience de soi et des autres.
Jean Zay ne sera pas le seul personnage de la pièce. Nous y croiserons différents parcours troubles : l’homme de Vichy (ancien de « la cagoule », pétainiste et collaborateur, industriel avisé), un jeune milicien et sa lente progression vers un extrémisme radical, un gardien de prison (ancien de 14, entre suivisme et doutes), enfin, une jeune femme d’aujourd’hui qui interroge la mémoire de ces temps complexes aux plaies pas toujours refermées… Il s’agira de toucher à la fois la conscience collective et individuelle de chacun.
De l’oeuvre autobiographique de Jean Zay à la création théâtrale…
Cette pièce de théâtre se dessine comme une mise en fiction des années d’emprisonnement de Jean Zay, jusqu’à son assassinat.
Écrit à deux mains,
le texte croise le regard documentaire du journaliste Jean-Manuel Bertrand et celui, artistique, du dramaturge et metteur en scène Raymond Vinciguerra.
Le projet est porté, depuis son écriture, par la Compagnie Tetra
Art (Marseille).
Dès 1990, Jean-Manuel Bertrand, journaliste à France 3 Provence-Alpes, s’attache à enquêter sur la période de l’occupation et notamment l’organisation de la déportation
juive depuis la France. C’est en 2009, lors d’un reportage sur la création de La Chute de Camus, créée par Raymond Vinciguerra au théâtre du Gyptis à Marseille, que les deux hommes se rencontrent.
La question de l’humain, tout comme celle de l’histoire, est au centre du travail de Raymond Vinciguerra, et lorsque le journaliste lui évoque son envie d’écrire sur Jean Zay, le théâtre apparaît comme le
meilleur choix artistique pour transcender cette tragédie et interroger la conscience des spectateurs.
Entre fiction et témoignage historique, la pièce s’élabore à partir de Souvenirs et Solitude, l’oeuvre
littéraire de Jean Zay, et notamment des lettres qu’il écrit en détention et qu’il cache dans le landau de ses filles lors des visites que lui rend sa femme...
Nous vous tiendrons au courant des manifestations prévues à l’occasion de ces représentations.
La promotion 2012 de l'ENA a été choisie “promotion Jean ZAY”
Le 15 janvier 2011, les élèves de l’Ecole Nationale d’Administration avaient choisi leur nom de promotion Marie Curie.
En 2012: la promotion 2012-2013 de l'École nationale d'administration (ENA) a choisi de lui rendre hommage en se baptisant « promotion Jean Zay »
Ils ont souhaité rendre hommage à une résistant de la première heure, homme de courage et de convictions. Il a poursuivi l’idéal d’une école républicaine et a payé de sa vie son engagement au service de la France.
Voir sa bibliographie ci-dessous (PDF): Le parcours fulgurant d’un humaniste / Ministre de l’éducation nationale / Projets d’Ecole Nationale d’Administration / Sacrifié par Vichy
121228_ENA_Bibliographie_jeanzay_lb_2012
Biographie de Jean ZAY publiée par l'ENA à l'occasion de la "promotion Jean ZAY" de 2012.