14 juin 2013 : La pédagogie de Jean Zay - journée d'études à l'Université PARIS 1
La pédagogie de Jean Zay : inspiration pour les politiques d’aujourd’hui ?
Accueil à partir de 9h15
9h30 Introduction par Antoine Prost.
La journée se déroulera en 6 dialogues et une table ronde.
Pour chaque dialogue, la parole est donnée d’abord à un historien qui analyse un aspect de la politique éducative de Jean Zay, ensuite à un « commentateur » représentant un mouvement pédagogique ayant contribué à la pérennisation et/ou à l’évolution des idées pédagogiques que contiennent les textes du ministre.
9h45 La classe de fin d’études primaires Antoine Prost /Djimil Gahete( Education et Devenir)
10h30 L’enseignement du français Anne-Marie Chartier /Catherine Chabrun( ICEM)
11h15 Les activités dirigées (et classes promenades) Laurent Guttierez /Myriam Fritz-Legendre (CEMEA)
12h Les classes d’orientation Jean-Michel Chapoulie /Patrice Bride(CRAP)
Déjeuner libre
14h Le sport Patrick Clastres /Françoise Bouvier(Leo Lagrange)
14h 45 L’articulation du scolaire et du péri scolaire Laurent Besse / Eric Favey (Ligue del’enseignement)
15 h 30 Table ronde
animée par Emmanuel Laurentin
"L’accueil réservé par les syndicats et les parents d’élèves aux idées de Jean Zay, à leur signification pour l’avenir de l’éducation en France"
avec Yves Verneuil, le SGEN-CFDT, le SNUIPP, l’UNSA-EN,(Luc Bentz) et Jean-Yves Seguy, la FCPE et la PEEP.
17 h Conclusion
Le 14 juin 2013 à 17h 30 M. Antoine Prost remettra à Ciné Histoire le prix 2012 des Amis de Jean Zay à l’issue de la journée d’études sur la pédagogie de Jean Zay.
Bulletin d’inscription ci-joint à renvoyer à l’Association des Amis de Jean Zay
Secrétariat : Annette Bon, 20 rue Jean Jaurès, 92260 Fontenay aux Roses - annette.bon@orange.fr
Voir aussi: http://blog.sgen.net/eps/?p=1123
Chronique des années sombres: Lambesc 39-45
9h à12h & 14h à19h - Inauguration samedi 8 juin à 10h30 - Salle des associations
Du samedi 8 au dimanche 23 juin
« Les douleurs et les haines cesseront, ceux qui ne les oublient pas mourront aussi, et tout passe. Sauf quelques oeuvres - terre commune
et partagée, patrimoine sans frontières. » Germaine Tillion
Quand une commune de Provence se penche sur son histoire. À partir d’archives originales, de photos inédites et de témoignages, l’exposition Lambesc et son canton 39-45 : chronique des années sombres, initiée par la municipalité de Lambesc et le Syndicat intercommunal du Monument aux héros et martyrs de Sainte-Anne, retrace, en un parcours original, les figures et les épisodes marquants de cette période troublée…
Renseignements : 04 42 17 00 62 – PROGRAMME COMPLET ci-dessous :
Vichy, la Pègre et les Nazis - La traque des Juifs en Provence
Parution en français du livre d’Isaac LEWENDEL avec Bernard WEISZ:
De 1942 à 1944, plus de 400 Juifs ont été déportés du Vaucluse dans les camps d'extermination. Tous n'ont pas été raflés à Avignon, Orange ou Carpentras. On est aussi venu les chercher à Camaret, Vaison la romaine, Mormoiron, Buoux, Saint-Saturnin-lès-Apt, Cadenet, Goult... Tous ces villages perchés du Ventoux et du Luberon qui enchantent le regard. Qui a arrêté tous ces Juifs? Les Allemands, a-t-on prétendu, secondés parfois par la Milice. Comme si c'était si simple. Comme si l'administration française n'avait été que complice. Comme si les Allemands avaient été seuls à la manœuvre, alors qu'ils n'ont cessé de recruter, sur les ordres de Paris et de Berlin, des auxiliaires et des supplétifs pour mener la chasse.
Traquer les traqueurs de Juifs à travers les archives, telle est la tâche que se sont fixée Isaac Lewendel et Bernard Weisz. Cette recherche démarrée en 2005 conduit le lecteur sur les traces de vies criminelles jusqu'à Marseille et au-delà. On y côtoie des fonctionnaires zélés, des affairistes, des extrémistes, des SS en mission, des voyous et des repris de justice à l'affut. On y entend aussi la voix de Juifs qui à la Libération ont témoigné.
De l'ensemble se dégage une force documentaire qui bouscule bien des idées reçues. Le rendement du dispositif policier nazi, 20 à 25 % d'arrestations, est ainsi passé au crible d'une analyse qui agit comme un révélateur. Elle relativise le rôle de l'entraide parmi tous les facteurs qui ont contribué à la survie de la majorité sans rien enlever à l'héroïsme de certains actes de solidarité.
Préface de Serge KLARSFELD :
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ISAAC LEWENDEL nous donne un livre non conventionnel, atypique même et passionnant d’un bout à l’autre. Cet ouvrage fait partie de ces remarquables études régionales, départementales, municipales dont j’ai toujours souhaité la multiplicité et qui éclairent de plus en plus les grandes synthèses ; mais à la différence de leurs auteurs qui s’attachent surtout à décrire les opérations d’arrestation, le parcours des familles juives, les données biographiques des victimes, ISAAC LEWENDEL s’est concentré sur les agents de la persécution des Juifs, leur dossier, leur psychologie et leur mode opératoire.
ISAAC LEWENDEL est un chercheur opiniâtre et méthodique ; je le connais depuis une trentaine d’années quand il est venu des Etats-Unis en France pour y récupérer les clefs de son destin. Sa démarche était simple : il avait survécu, enfant en bas-âge, à l’arrestation de sa mère. Il n’a pas accepté la disparition de sa mère tant aimée ; il a poursuivi le dialogue avec elle et s’est fixé comme mission de chercher la vérité et de dire la vérité sur cette barbarie dont lui aussi fut la victime. Le cadre de cette investigation était et reste le Vaucluse.
Son précédent ouvrage « Un Hiver en Provence » racontait ce qui s’était passé sur un mode très personnel et a rencontré un réel succès à la fois de la critique historique et littéraire et un véritable public.
Il a été un pionnier de cette catégorie de livres, souvent fascinants : enquête sur une tragédie et sur soi-même.
Quand ISAAC LEWENDEL s’est attaqué de nouveau au même sujet, cette fois il l’a fait sur un mode plus serein, celui de l’historien animé par la passion de découvrir qui avaient été les responsables de ces crimes commis contre les Juifs et quels avaient été leurs mobiles.
L’explication historique qu’il propose est claire et ne peut être mise en doute : en août 1942, le gouvernement de Vichy avait promis aux Allemands 10.000 Juifs considérés comme apatrides vivant en zone libre. Sur la base de cet engagement, la police nationale a fait ses calculs et a limité les catégories arrêtables aux Juifs entrés en France après le 1er janvier 1936, les ex allemands, ex autrichiens, ex polonais, ex tchèques et russes ou soviétiques. Le contingent a été fixé pour le Vaucluse ; les gendarmes sur la base du recensement ont raflé le nombre voulu de Juifs. Ils auraient pu en rafler dix ou quinze fois plus si on leur avait ordonné d’arrêter tous les Juifs du département. Cet ordre n’a pas été donné. Vichy qui voulait réduire les Juifs à l’état de parias ne souhaitait pas tuer les Juifs, mais sachant que les Allemands voulaient les exterminer, il s’est fait complice de ce génocide ; son antisémitisme xénophobe a mis les Juifs étrangers en première ligne en zone occupée. Si la population et si les églises n’avaient pas protesté, Vichy aurait pu poursuivre les arrestations sur tout le territoire au même rythme que pendant l’été 1942. Il y eut un répit qui se prolongea dans le Vaucluse jusqu’en septembre 1943 grâce à la protection des autorités militaires italiennes d’occupation.
Après l’invasion de la zone italienne par les Allemands la situation des Juifs dans le Vaucluse a rapidement empiré. ISAAC LEWENDEL montre admirablement comment les forces de police allemande en faible nombre ont suscité l’émergence de bandes de gangsters et de voyous qui se sont faits les séides de la Gestapo. De même ISAAC LEWENDEL avait montré magistralement comment l’antisémitisme d’état de Vichy avait suscité des vocations antisémites souvent attirées par l’appât du gain dans les spoliations et les aryanisations parmi les hommes faisant partie de la classe bourgeoise ou des déclassés de la bourgeoisie française. Quant au carriérisme de certains hauts fonctionnaires, le portrait qu’en a dressé ISAAC LEWENDEL correspond tout à fait à l’exemple connu de tous les Français depuis 1997, celui de Maurice Papon.
Tenant compte des atouts représentés en 1942 par son empire, sa flotte et le travail dans le calme de la France au service de l’économie de guerre hitlérienne, Vichy avait contribué à la solution finale par une libre décision et dans un territoire, sa zone, où il n’y avait pas d’allemands. Après l’invasion allemande dans cette zone sud, Vichy n’a plus donné à son administration préfectorale d’ordre d’arrestation massive des Juifs, à deux exceptions près, laissant cette initiative aux Allemands, dont la stratégie dans chaque Kommando posté dans chaque département a été de s’adjoindre des individus prêts à tout par haine antijuive et par cupidité. ISAAC LEWENDEL le montre bien : les Juifs, recensés ou connus comme tels,étaient des proies faciles et si la Gestapo s’est emparée de trois fois plus de Juifs en 1943-44 que la police de Vichy en 1942 , c’est parce que pour elle les Juifs n’avaient qu’une seule nationalité, la juive et parce qu’elle n’était pas limitée par un nombre fixé à l’avance comme en août 1942.
Au total ¼ environ des Juifs du Vaucluse ont péri ; ¾ ont survécu. On retrouve les mêmes proportions à l’échelle nationale : 80.000 perdus ; 240.000 sauvés. ISAAC LEWENDEL ne sait pas trop qui les a sauvés ; oui la population n’a pas dénoncé comme la légende le prétend, oui les actes de solidarité ont existé ; oui la victoire a facilité la survie. Ce qu’il sait en revanche et il le décrit à merveille, c’est l’implication de ces criminels français,manipulés par les SS, qui ont fait le sale boulot qui était de leur compétence, que Vichy ne voulait plus faire faire à sa police et que les Allemands ne pouvaient faire, ayant accordé la priorité à la lutte contre les résistants et au maintien de la sécurité de leurs troupes.
ISAAC LEWENDEL établit le rôle mineur joué par la Milice dans la chasse aux Juifs. Utilisant subtilement les archives des Cours de justice, il décrit une quinzaine de cas, en majorité des miliciens, qui ont aidé des Juifs en situation critique. Ce n’est pas pour leur attribuer une Médaille des Justes mais pour creuser la complexité des hommes et aussi montrer comment parfois des résistants se sont peu souciés du sort des Juifs.
Le cours de la justice de l’immédiat après-guerre exprime combien le drame vécu par les familles juives était resté à l’arrière plan de la répression. Ce qui est vrai à l’échelle du Vaucluse l’est aussi à l’échelle de la France. Il aura fallu que les fils et filles des déportés juifs de France, dont ISAAC LEWENDEL fait partie, s’emparent du problème, changent la mémoire de Vichy et fassent comprendre à la conscience publique de notre pays ce qui s’est réellement passé et dans quels crimes le régime de Vichy a réellement trempé.
J’ai lu le livre d’ISAAC LEWENDEL d’une traite. Vous le lirez comme moi parce qu’il est dur, utile et vrai.
Serge Klarsfeld
14-15 juin 2013 : Varian FRY au MuCEM
Musée des Civilisations d'Europe et Méditerranée (MuCEM)
13002 Marseille
Oui, Marseille a déjà été capitale européenne de la culture dans les années 40: MARSEILLE TRANSIT
Voir le programme sur
http://www.mucem.org/fr/votre-visite/evenements/temps-forts/marseille-transit
Comment adhérer à l'ANACR ?
Association Nationale des Anciens Combattants
et Ami(e)s de la Résistance (ANACR)
- Pour faire connaître et reconnaitre le rôle de la Résistance dans la libération de la France,
- Pour lutter contre les résurgences contemporaines du fascisme, contre le négationnisme,
- Pour faire vivre aujourd’hui les valeurs de la Résistance,
Poème attribué à Martin Niemöller (1942) :
« Lorsque les nazis sont venus chercher les communistes,
je n’ai rien dit,
je n’étais pas
communiste.
Lorsqu'ils ont emprisonné les socialistes,
je n’ai rien dit,
je n’étais pas socialiste.
Lorsqu'ils sont venus chercher les syndicalistes,
je
n’ai rien dit,
je n’étais pas syndicaliste.
Lorsqu'ils sont venus me chercher
il ne restait plus personne
pour protester. »
Jean Zay, l’homme-République,
par FLORENT LE BOT
Article paru dans L’OURS n°429, juin 2013, page 1.
La vie et le parcours de Jean Zay sont trop souvent résumés à quelques dates. Né le 6 mai 1904, assassiné le 20 juin 1944 par des miliciens, il est ministre de l’Éducation nationale et des Beaux-Arts sans discontinuer du 4 juin 1936 au 13 septembre 1939. Sa condamnation le 4 octobre 1940, par un tribunal militaire, aux ordres de Vichy, à la dégradation militaire et à la déportation, entre en résonance avec la condamnation tout aussi inique du capitaine Dreyfus. Jean Zay est un mythe républicain puissant : sa jeunesse orléanaise, son engagement républicain, à la gauche du Parti radical, militant précoce pour le rassemblement de Front populaire, soutien de Blum durant les mois de son expérience gouvernementale, puis maintenant sa ligne politique dans des gouvernements Chautemps et Daladier qui ne sont plus de Front populaire. En novembre-décembre 1938, il est placé plus d’une fois en situation de démission et Léon Blum, entre autres, l’en dissuade afin de maintenir au sein du gouvernement une voix discordante. À la suite de novembre 1938, il refuse d’ailleurs d’appliquer aux enseignants les mesures de mise à pied pour fait de grève interdite.
La démocratisation de l’école
Olivier Loubes bénéficie, pour ce livre, du dépôt et du classement des archives familiales Jean Zay aux Archives nationales. Par son intermédiaire, nous avons accès aux cahiers d’un écolier dont le père est au front, aux discours qu’un jeune homme, entré en politique à 18 ans, prononce devant de multiples assemblées, aux fiches qu’il rédige au long de sa carrière d’avocat, de député, de ministre, pour défendre – plaider – d’une voix ferme et forte ses convictions. Jean Zay, pour Loubes, est l’égal de Ferry. Si ce dernier a fondé l’école républicaine, Jean Zay a permis sa démocratisation. La réforme Berthoin de 1959 (consolidée en 1963 et 1975) qui met fin à la distinction entre les ordres d’enseignement (le primaire, le secondaire, le technique) et qui fonde l’école unique, trouve son impulsion initiale dans les mesures prises par Jean Zay, sous forme de décrets, d’arrêtés, de circulaires et d’expérimentation.
Il faudrait aussi évoquer les initiatives qui vont conduire à la création du CNRS, de l’ENA et à l’institution du festival de Cannes, réponse à la Mostra fasciste. C’est un ministre pragmatique qui contourne les blocages politiques, empêchant par exemple le vote de lois qui auraient couronné son action, en inscrivant celle-ci dans les faits. Un homme courageux aussi qui fait face à la haine se déversant sans discontinuer sur lui.
Jean Zay, avec Blum, a cristallisé sur sa personne toute la haine hideuse de l’extrême droite qui se déchaîne contre lui du fait d’origines juives et protestantes, à cause de son engagement en franc-maçonnerie et pour la laïcité qu’il promeut, du fait surtout de son républicanisme qu’elle exècre par-dessus-tout. L’extrême droite peut bien éructer, ce sont des hommes de la trempe de Jean Zay qui construisent notre cité. Le crachat de Céline à la face du ministre, dans L’école des cadavres (1938), son « Je vous Zay » contre le « négrite juif Jean Zay », ne souille que son auteur.
Le livre d’Olivier Loubes dit l’importance de l’homme. Un mot encore : Jean Zay au Panthéon !
Florent le Bot