Jean ZAY dans le cadre de MARSEILLE-PROVENCE 2013

Création théâtrale de l’oeuvre autobiographique de Jean ZAY
 
 

 

Première à Marseille au Théâtre Toursky le 17 octobre 2013, puis

le 19 novembre 2013 Théâtre la Colonne a Miramas

le 11 janvier 2014 Théâtre Debussy du Palais des Festivals et des Congrès de Cannes

le 31 janvier 2014 au Théâtre Henri Martinet aux Pennes Mirabeau

et à Rousset le 3 avril 2014

 

Le Conseil Général a décidé de nommer l'établissement de ROUSSET: "Collège Jean ZAY"

Lettre du 21 juin 2013 reçue du Conseiller Général René TASSY

Dans sa délibération du 21 juin 2013,
suite aux propositions délibérées par la commune de ROUSSET
et à l’avis favorable émis par le Conseil d’Administration du Collège
 
la commission permanente du Conseil Général des Bouches-du-Rhône
a décidé de nommer l’établissement
“Collège Jean ZAY”
 
Nous tenons à remercier tous ceux qui ont oeuvré et qui continuent à œuvrer pour la mémoire de ce grand homme, tant au Conseil d’Administration que parmi les élus de Rousset et du Département.

Gérard BOULANGER: "Jean Zay au Panthéon : réparer une injustice mémorielle !"

Gérard Boulanger, avocat, essayiste,
auteur de “L'affaire Jean Zay, la République assassinée”, Calmann Lévy (2013)
 
publie l’article suivant dans Le Monde.fr | 24.06.2013 à 15h42 | :
 

Le 20 juin 1944, Jean Zay est assassiné par la Milice. D'une rafale de mitraillette dans le dos. A une quinzaine de km de ce Vichy que s'apprêtent bientôt à fuir ses vrais bourreaux. Il n'a pas encore 40 ans, et à peine le temps de s'écrier : "Vive la France !" Son corps est précipité dans un gouffre, dénommé le Puits du Diable, que les miliciens prennent soin de dynamiter. Quatre ans plus tard, le 20 juin 1948, l'un de ses assassins, Charles Develle, reconnaît : "C'est ici que je l'ai tué". La dépouille venait d'être identifiée et inhumée à Orléans. Le travail d'oubli méthodique de ce très grand républicain est donc d'abord un legs de l'Etat milicien, ultime et paroxystique forme de l'Etat vichyste.

C'est déjà un 20 juin, lors de l'étrange défaite de 1940, que Jean Zay s'est embarqué au Verdon sur le paquebot Massilia. "Résister, c'est partir", souligne alors Léon Blum dans ses Mémoires. Piégé par l'amiral Darlan comme Mendès France, Mandel ou Daladier, Jean Zay est l'un des 27 parlementaires à rejoindre l'Afrique du Nord pour défendre la France, celle de 1789. Ministre ayant choisi au début de la guerre, sans y être tenu, de s'engager au front, il est arrêté à Rabat le 16 août. Et condamné le 4 octobre par l'infâme tribunal militaire de Clermont-Ferrand. Celui-là même qui a déjà condamné de Gaulle à mort, et va infliger 6 ans de prison à Pierre Mendès France. Les soi-disant nationalistes règlent leur compte aux patriotes.

DÉPORTATION À VIE ET DÉGRADATION MILITAIRE

Poursuivi sous le fallacieux prétexte de "désertion face à l'ennemi" (qui était à 180 km de son unité !), Jean Zay subit un procès truqué (dans L'affaire Jean Zay, la République assassinée, j'établis que la pièce initiale de la procédure est un faux). Et il écope symboliquement de la peine infligée à Dreyfus : déportation à vie et dégradation militaire. Philippe Henriot qui, au prix d'un vol et d'un recel, publiera les prétendus Carnets secrets de Jean Zay, écrit alors que "ce procès [est] la pierre de touche du "Ça va changer"!" Et Raphaël Alibert, auteur du premier Statut des Juifs, confirme que "le procès des responsables de la IIIème République sera la pierre de touche de la solidité du nouveau régime". Jean Zay va croupir quatre ans dans sa cellule de Riom jusqu'à son assassinat. Il est la première victime emblématique de cette stratégie de légitimation judiciaire d'une dictature issue d'un coup de force.

Mais quelle haine anime donc ses bourreaux ? Celle vouée par l'extrême-droite au "Juif errant". Sous le prétexte d'un pastiche pacifiste écrit en 1924 qui lui a été dérobé. Mais aussi celle portée au radical fédérateur, pilier du Front populaire, que les réactionnaires intégristes nomment le "ministre de l'école sans Dieu". Car il ne devient une victime de la haine raciste que par un commode transfert de l'acharnement contre un admirable serviteur de la République égalitaire. La France lui doit entre autres la paternité de la scolarité jusqu'à 14 ans, du collège unique, du sport à l'école, de la médecine préventive, du CNRS, de l'ONISEP, du CNTE, du CROUS et de l'ENA, pour que "les enfants du Peuple puissent devenir ambassadeurs". Le plus jeune ministre de la IIIème République est aussi le plus grand ministre de l'Education nationale depuis Jules Ferry.

UN HOMME AMOUREUX DE LA CULTURE

Mais il est aussi un remarquable ministre des Beaux-Arts : créateur du palais de la Découverte, de la Cinémathèque, de la réunion des Théâtres lyriques nationaux, des musées d'Art moderne, de l'Homme, de la Marine, des Travaux public, des Arts et traditions populaires; réformateur de la Comédie française, des Archives nationales, de la Bibliothèque nationale, du musée des Monuments français; restaurateur du château de Versailles et de la cathédrale de Reims; sauveteur de nombreux monuments français dont le théâtre antique d'Orange ou la citadelle de Blaye; fondateur visionnaire de ce qui est devenu la première manifestation culturelle au monde, le festival de Cannes. Excusez du peu...

Alors, pourquoi un tel tombeau d'oubli ? Celui-là même dans lequel voulaient l'ensevelir les nervis de Vichy. Certes, à la Libération, il ne fut revendiqué par personne. Il n'était ni gaulliste, ni communiste, ni socialiste, ni déporté. Était-il résistant, ce pionnier de la Résistance, était-il seulement juif, ce protestant ? Victime d'une silencieuse affaire Dreyfus, il n'était même pas là. Il n'était qu'encombrant. Aujourd'hui, le rideau semble se déchirer. Grâce à Bernard Brochand, maire de Cannes, et à Gilles Jacob, président du Festival, avec Catherine et Hélène Zay, ses filles, nous avons récemment inauguré une plaque au nom de Jean Zay dans le Palais des Festivals. Mais ce n'est qu'un début.

De nombreux noms ont récemment été invoqués pour une éventuelle panthéonisation. Mais aucun ne saurait rivaliser avec Jean Zay. Par ses injustes souffrances endurées avec stoïcisme, et par ses innombrables œuvres novatrices, il a sans conteste sa place aux côtés de Gambetta et de Jaurès dans ce temple dédié aux grands hommes par la patrie reconnaissante : au Panthéon. 

Gérard Boulanger, avocat, essayiste,

auteur de "L'affaire Jean Zay, la République assassinée", Calmann Lévy (2013)

24 juillet 1941 : Recensement des Juifs à Marseille

“OLIETTE DANS LA TOURMENTE” par Juliette Poutchkoff

Nous continuons ici la présentation de quelques livres sur la Résistance et la Déportation, écrits et vécus par des adhérentes ou correspondantes très actives de notre Association, des femmes de notre région, à qui nous voulons rendre ici hommage.
 
Aujourd’hui:
 
Un livre de souvenirs d’enfance d’une enfant plongée dans les douleurs de l’occupation et les rafles nazies:
 
 
“OLIETTE DANS LA TOURMENTE”
(1942-1944)
de  Juliette POUTCHKOFF
 
Ce livre est malheureusement épuisé (quelques exemplaires restent chez l’auteure).
 

 

Vous en trouverez l’histoire résumée, présentée aux élèves de 1ère par l’auteure le 20 janvier 2009 sur le site du Lycée Val de Durance de Pertuis:

 
Ce site étant fermé, nous en reproduisons le texte ci-dessous

090120_Temoignage_Oliette_Fellous

Témoignage d'Oliette FELOUS présenté le 20 janvier 2009 aux élèves de 1ère du Lycée Val de Durance de Pertuis.

Ce 23 juin au cimetière d'Orléans: "Jean Zay retrouvé, Jean Zay reconnu, Jean Zay honoré"

Tombe de Jean ZAY à Orléans en hiver.

En présence de
Jean-Pierre SUEUR, sénateur du Loiret
Antoine GUERIN, sous-préfet du Loiret 
 
et après une introduction de
Michel LESSEUR, président d’honneur du “Cercle Jean ZAY” d’Orléans 
 
Pierre-Louis EMERY, Président du “Cercle Jean ZAY”, aprononcé l’éloge suivant:  

Retrouvé dans sa ville, reconnu dans son pays, honoré par des personnalités et institutions qui lui rendent la place qui lui est due.

Ce n’est plus, comme le disait Olivier Loubes dans l’ouvrage qu’il lui consacre « L’inconnu de la République». Il est plus souvent cité, plus présent dans notre mémoire collective, dans notre environnement, par des marques physiques, des plaques, des références,  parfois tardives, mais nécessaires.

Après la guerre Madeleine Zay principalement jusqu’à la fin de sa vie, mais aussi des amis d’enfance et d’étude comme René Berthelot, Roger Secrétain, Roger Toulouze, également le Grand Orient ont perpétué sa mémoire. Depuis quelques temps, grâce à l’action de ses filles, de l’association nationale avec  Antoine Prost, de Jacques Misguich et son « Association « Jean Zay en Provence », et bien sûr du Cercle Jean Zay, présidé en 1996 par Michel Lesseur puis J-C Haglund, et de vous tous ici, fidèles, présents,  les hommages se multiplient. On prend de conscience de l’ampleur de son œuvre, on la redécouvre :

Un colloque à l’université « Le moment 40 » en  2010 dont les actes sont sortis il y a un an a permis d’approfondir le contexte historique.

Une plaque à l’IUFM bourgogne, marque son rôle pour l’Ecole

On constate un intérêt plus grand des médias, locaux, nationaux. Le journaliste, Ivan Levaï, l’a évoqué plusieurs fois dans ses chroniques matutinales du week end.

La  promotion de l’ENA 2012-2013, a choisi son nom, juste retour des choses, puisqu’il en est l’inventeur

Une plaque, enfin, est apposée dans le foyer du palais du festival de Cannes qu’il avait organisé pour septembre 1939

Après le documentaire de Marieke Aucante sur FR3 en 1994, deux films évoquent Jean Zay ou s’y consacrent totalement : « L’affaire du Massilia » de Virginie Linhart, et surtout « Un crime français» de Catherine Bernstein, centré sur l’assassinat Jean Zay et les procès de 1945 à 1951.

Il y a aussi  le spectacle de Benoît GIROS «  Le jardin secret de Jean Zay», construit à partir de fragments de son si beau texte « Souvenirs et solitude ». Il sera présenté à Avignon cet été.  Et puis, encore, le projet de film de Nicolas RIBOWSKY.

Les écrits de prisons seront publiés l’an prochain. L’exposition conçue en 1994 est  de plus en plus demandée et sera bientôt augmentée de panneaux développant l’action de Jean Zay dans le domaine culturel et aussi sur les procès d’après guerre et la mémoire.

Dimanche 30 juin, au Musée de l’Homme qu’il a fondé il y a 75 ans, un hommage sera rendu à Jean Zay, tout comme l’an passé on le fit pour le CNRS, qu’il a créé en 1937 

Et puis il y a deux livres, parus en 2012, différents dans la forme et la problématique, mais indispensables et complémentaires.

D’abord Olivier LOUBES. Un jean Zay, enfant de guerre, profondément républicain, pacifiste, mais antifasciste et finalement patriote comme son engagement en septembre 40 le démontre. Il rappelle la haine antisémite qui, à l’égal de celle manifestée contre Blum, d’abord localement, et aussi nationalement,  anime l’extrême droite et la droite (  à l’instar de son adversaire  Maurice Berger en 1936) contre le député, le ministre. A l’image de Céline, entre autres, qui, dans « l’Ecole des cadavres » écrivait « Je vous Zay » ou « le négrite juif Zay ».

Et bien sûr l’ouvrage de Gérard BOULANGER « L’affaire Jean Zay, la République assassinée » où sont analysés les racines orléanaises de la haine contre Jean Zay, les campagnes de la presse locale, l’utilisation de la figure de Jeanne d’Arc, des écrits de jeunesse (le drapeau). Il y caractérise ce qu’il nomme la tradition maurassienne ou nationale-catholique, la montée et la contagion de l’antisémitisme. Un  gros livre riche, dense, vivant.

Les actes du colloque, les deux livres, les critiques, les conférences des auteurs permettent maintenant de mieux comprendre l’apparent oubli  dont fut victime Jean Zay, et ce malgré l’action de Madeleine, son épouse, de ses amis après la guerre…Cela tient, en partie, à l’incertitude sur son sort, aux procès tardifs, à certains responsables déjà exécutés (Darnand) ou en fuite, un seul des assassins fut jugé et bien vite amnistié. 

Je remarque aussi que certains thèmes de la propagande vichyste perdurent : Le manque de combativité des soldats de 40, l’obsolescence du matériel militaire, la médiocrité du personnel politique, le bellicisme de certains seraient responsable d’une guerre inopportune pour ces antirépublicains. Déformation, diffamation ! Relisons les discours de Weygand ou de Pétain qui rendent responsable de tout le Front Populaire contre toute évidence et vérité historique. Relisons plutôt les contributions de François Cochet,  les travaux récents des historiens y compris allemands qui tordent le coup à ces théories manipulatrices et trop longtemps efficaces.  

Ce qui distingue Jean Zay de tant d’hommes politiques du passé comme du présent c’est sa vision à long terme, le souci de l’intérêt général, le sens de l’Etat, sa totale intégrité morale, intellectuelle. Chose rare, exemplaire à l’époque et dans nos temps cyniques ! Lorsque j’évoquais cela devant des élèves et  présentais Jean Zay comme modèle civique, certains disaient « c’est impossible, c’est irréaliste», et même, « vous êtes idéaliste et naïf » C’est aussi pour cette rectitude qu’il a été assassiné ! Il nous faut, pour notre jeunesse montrer, à partir de l’exemple de Jean Zay,  de sa rigueur et  de son œuvre que la Politique peut être  noble,  visionnaire,   généreuse, vraiment moderne,  au service de tous ! Ne décevons pas nos futurs jeunes concitoyens.

C’est aussi cette figure de Jean Zay que nous portons et qui doit permettre de rassembler autour de sa mémoire les républicains de tout bord, soucieux de servir le pays, et même l’humanité. 

 

Et à Orléans ?

Cette ville qu’il aimait tant «  dont je connais toutes les pierres et tous les visages, ceux des vivants et ceux des morts… » disait-il en 1936. 

Il y a une école, un lycée, une avenue qui portent son nom. Certes il y a plusieurs plaques commémoratives apposées, au lycée Jean Zay, sur la façade de l’ancien lycée Pothier rue Jeanne d’Arc, sur la maison natale rue du Parc, à son école rue des Charretiers, dans le quartier des Carmes où des moments importants de sa vie se sont joués, à l’IUFM Bourgogne. Comme le souhaitait le Cercle nous avons comme objectif une fondation. Nous avons entamé, avec l’appui de la municipalité une démarche pour installer une effigie en ville. Mais il n’y a pas de stèle, il n’existe aucun lieu où un public, des personnes intéressées puissent venir et honorer sa mémoire.

Nous continuons à réfléchir à un espace accessible aux orléanais et visiteurs français ou étranger, curieux de connaître ce que fut et ce que fit Jean Zay et où ils pourraient trouver à voir, à lire, à comprendre : un espace dédié avec exposition permanente (existant), objets que la famille est prête à mettre à disposition.

Nous le pouvons, nous le devons à celui qui a si bien servi sa ville, son pays, la République. 

Je vous remercie de votre attention et cède la parole à Jean-Pierre SUEUR, sénateur du Loiret.

Pierre-Louis EMERY, Président du “Cercle Jean ZAY”