Mercredi 29 janvier 2014 : Résistance et Libération par J.M. GUILLON
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Ne manquez pas de lire (ci-joint) le discours émouvant et puissant de Gaëlle LENFANT, vice-présidente du Conseil Régional.
Représentation théâtrale "Jean Zay" vendredi 31 JANVIER aux Pennes Mirabeau
La Ville des Pennes-Mirabeau a le plaisir de recevoir la Cie Tetra Art et leur spectacle
Création théâtrale du scénographe Raymond Vinciguerra et du journaliste Jean-Manuel Bertrand
Conférence au Toursky: "6 février 1934, la République menacée".
La tentative de coup d’état fasciste du 6 Février 1934. Rappel des faits, quels sont les enseignements à retenir 80 ans plus tard ?
J’ai eu l’occasion lors d’un article – « Quand le théâtre traitait du syndicalisme » - de vous parler de ce qu’est une « université populaire ». Petit rafraichissement. Une université populaire est un organisme d’éducation populaire dont l’objectif est la transmission de savoirs théoriques et/ou pratiques pour tous. La plupart des universités populaires en France ont un statut associatif. En France, les universités populaires naissent dans le contexte de l’affaire Dreyfus. Face à la déraison que manifestent les idées antisémites, face aux passions qui se déchaînent alors, elles tentent d’apporter une réponse humaniste.
Point commun entre ces deux universités populaires : elles se déroulent toutes deux au Théâtre Tousrsky, à Marseille. La date choisie pour celle qui nous occupe aujourd’hui n’est pas innocente : le 6 février 2014, 80 ans après la manifestation de sinistre mémoire. Rappel du contexte historique.
Depuis 1922 les fascistes sont au pouvoir en Italie, depuis 1929 la grande crise économique étend ses ravages sur l’Europe, en 1933 le Japon attaque la Chine et s’empare de la Mandchourie et la même année Hitler prend le pouvoir en Allemagne. Il décide aussitôt d’interdire les partis de gauche et les syndicats. En France sur fond de crise économique, la classe dirigeante aspire à un pouvoir fort capable de contenir par tous moyens les revendications populaires. S’inspirant des exemples italien et allemand des groupes posent les fondements d’un régime politique français autoritaire qui mettrait au pas la classe ouvrière française et limiterait l’attrait du régime soviétique qui, de son côté, a évité la crise économique mondiale et a entrepris de transformer le pays en une grande puissance économique et industrielle.
Certains de ces groupes font un travail théorique préparant des plans de transformation de la structure des institutions, d’autres s’occupent de l’organisation de mouvements de masses destinés à devenir, à l’image des chemises noires italiennes et des SA allemands, des troupes de choc contre le mouvement ouvrier, le parti communiste et la gauche.
Ces groupes décident de montrer leur puissance dans une grande manifestation nationale le 6 février 1934 à Paris. Mais la manifestation autorisée prend un tour insurrectionnel quand certains de ses organisateurs décident de prendre d’assaut la Chambre des députés. Cette action n’est pas improvisée et il s’agit donc bien d’une tentative de renversement d’une République vilipendée depuis des années par les forces de droite.
La manifestation dégénère, les forces de l’ordre résistent et font usage de leurs armes, on déplorera une dizaine de morts et plus de 1000 blessés mais la Chambre des députés n’est pas envahie et au moins formellement la République est sauvée.
Le choc a été rude. Dès le lendemain un gouvernement d’union nationale est constitué et Pétain devient ministre de la Guerre en préfiguration de son futur rôle. Pour la gauche et le mouvement ouvrier l’alerte a été chaude et la riposte au coup de force du 6 février 1934 va ouvrir la voie à la réunification syndicale (CGT et CGTU), à l’alliance entre la SFIO et le Parti Communiste séparés depuis le Congrès de Tours et à la victoire du Front Populaire en 1936.
J’ai vu Annie Lacroix –Ruiz à la dernier fête de l’Humanité où elle venait présenter « Industriels et banquiers français sous l’occupation» : si vous pouvez être à Marseille de jour-à, ne ratez pas cette conférence par quelqu’un qui est porté par la joie de transmettre son avoir.
Théâtre Toursky – 15 promenade Léo Ferré MARSEILLE 13003 Entrée libre - Nous vous conseillons de réserver au plus tôt vos places au service billetterie au 0 820 300 033, ou au standard au 04 91 02 58 35.
Quand les A F Catholiques dénonçaient les petites filles transformées en garçonnes.. en 1935
Avec le document historique ci-dessous:
on peut constater que les récents délires au sujet d’une prétendue « Théorie du genre » ne sont pas nouveaux : en 1935, les Associations Familiales Catholiques dénonçaient déjà « les petites filles transformées en garçonnes dès l’âge de treize ans » à cause de la « promiscuité qui se pratique en classe (sic) et en récréation », que « cela suffit pour que plus d’une élève soit déjà allée se faire soigner aux Maternités », et que bientôt on aura « l’enseignement sexuel avec exercices pratiques de pièces anatomiques articulées », le tout à cause de la « lèpre de la laïcité ».
Hier comme aujourd’hui, les adversaires de la laïcité ont toujours agité les mêmes chiffons rouges !
Représentation théâtrale "Jean Zay" 3 avril 2014 à Rousset
La Ville de Rousset a le plaisir de recevoir la Cie Tetra Art et leur spectacle
Création théâtrale du scénographe Raymond Vinciguerra et du journaliste Jean-Manuel Bertrand
Avec une mise en scène très juste, la Compagnie Tétra Art rend hommage à une figure de l'Histoire aux valeurs humanistes. Les différents personnages et leurs prises de position radicales troublent les consciences pour mieux «rallumer les feux d'une mémoire défaillante».
RESERVATION : 04.42.29.82.53
2014: 70e anniversaire de la Libération du territoire et de la victoire sur le nazisme
A l’occasion de la présentation de ses voeux au monde combattant, monsieur Kader Arif, ministre délégué auprès du ministre de la Défense, chargé des Anciens combattants, a dévoilé le site internet du
70e anniversaire de
la Libération du territoire et de la victoire sur le nazisme
dans les salons du Gouverneur militaire de Paris aux Invalides, le 16 janvier 2014.
Site aujourd'hui disparu ...
On pouvait y lire l’article ci-dessous:
Le régime de Vichy, mis en place par le maréchal Pétain au lendemain de la défaite de juin 1940, dut dès ses débuts composer avec l'Occupant nazi. Si le Reich avait accepté le maintien d'un semblant de souveraineté française sur une partie du territoire national, c'est parce que le chef de l'Etat français s'était précocement et résolument engagé dans la voie d'une triple collaboration administrative, économique et militaire. L'entrée dans la collaboration devait permettre à Pétain de réaliser la Révolution nationale, son grand dessein de politique intérieure. Elle allait surtout permettre au IIIe Reich de faire de la France un rouage indispensable à son économie de guerre.
Parmi ceux que l'on qualifiait de "Kollabos" dans la France de 1944, il faut distinguer les tenants d'une collaboration d'Etat qui se voulait pragmatique de celle des "collaborationnistes". Les premiers, au nom du réalisme et de la Realpolitik, espéraient tirer bénéfice d'une collaboration permettant de pallier les retombées de la défaite militaire et de l'Occupation. Les seconds, tels Jacques Doriot ou Marcel Déat, épousaient de manière souvent inconditionnelle l'idéologie des vainqueurs et voulaient accentuer la politique de collaboration pour infléchir la nature de l'Etat français et lui donner une couleur plus totalitaire et fasciste. Ils s'accommodèrent parfaitement de l'Etat milicien instauré en 1944.
En novembre 1943, l'évolution du contexte militaire poussait le Maréchal à tenter de s'affranchir d'une tutelle allemande de plus en plus pesante, pour rétablir un pouvoir devenu à bien des égards fictif. En effet, non seulement l'armée allemande semblait de plus en plus en mauvaise posture sur le front de l'Est (défaites successives de Stalingrad et de Koursk), mais, de surcroît, son allié italien était en train de demander l'armistice aux Anglo-saxons qui étaient parvenus à débarquer dans l'Italie du Sud. En outre, à Alger, le 3 novembre 1943, le général de Gaulle avait réuni pour la première fois une assemblée consultative qui se voulait représentative de la totalité de la France combattante. Pétain, quant à lui, souhaitait reprendre la main vis-à-vis de son chef de gouvernement, Pierre Laval. Celui-ci présentait le double inconvénient d'être à la fois très impopulaire et de lui avoir été imposé par Hitler. Pétain et Laval ne poursuivaient pas exactement les mêmes objectifs politiques, même si un anticommunisme viscéral les rassemblait. Ainsi Laval déclarait-il dans son discours du 22 juin 1942 à propos de la situation en Europe : "Je souhaite la victoire de l'Allemagne parce que, sans elle, le bolchevisme, demain, s'installerait partout". Le Maréchal restait convaincu de sa légitimité en tant que chef de l'Etat et il demeurait la colonne vertébrale du régime. Mais en 1944, il était étroitement surveillé par Cecil Renthe-Fink, "Délégué spécial diplomatique du Führer auprès du chef de l'Etat français". D'ailleurs, Hitler considérait dorénavant Pétain comme une simple "baudruche" et Laval comme celui qui devait régulièrement la "regonfler". En janvier 1944, des ultras étaient entrés dans le gouvernement de Vichy, tels Henriot ou Darnand. Ce dernier, à la tête de la Milice française chargée de la traque des juifs et des résistants, fera de l'année 1944 l'apogée de la répression en France.
Mais les manœuvres du Maréchal échouèrent, achevant de mettre fin à l'illusion d'un Etat français souverain de plus en plus difficile à faire accepter à l'opinion publique française. Et si l'occupant maintenait cette fiction, c'était pour mieux poursuivre son exploitation économique de la France. De même, confier le maintien de l'ordre aux forces de Vichy permettait de ne pas avoir à renforcer les troupes d'Occupation. Bref, l'année 1944 marque l'ultime étape du processus de satellisation de Vichy par le Reich.
Robert BADINTER parlait de "Jean Zay le Républicain" (23 nov. 1996)
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Discours prononcé lors de l’inauguration de l’amphithéâtre Jean Zay à la faculté des lettres, langues et sciences humaines d’Orléans le 23 novembre 1996.
A première vue, cela ressemble à un plan interactif comme Internet en offre à foison. Un bel hexagone à l'intérieur duquel on peut zoomer, jusqu'à détailler chaque rue de Paris, Marseille ou encore Bordeaux. Des points marron apparaissent alors. Mais ils ne correspondent pas à des magasins ou des bars branchés, comme sur Google Maps.
Il suffit de passer le curseur sur chaque cercle : une bulle indique le nombre d'enfants juifs qui furent arrêtés sur place, puis déportés. Un clic, et voici leurs noms, leur âge. Au 56, cours Lafayette, à Lyon : Jacques Sciandra, 17 ans. Un peu plus loin, au numéro 8 9: Dario Sarfati, 1 an seulement. Plus loin encore, au numéro 175 : Lipold et Georgette Epsztajn, 12 ans et 15 ans. Tous ont quitté Lyon au printemps ou à l'été 1944. Direction Auschwitz.
Des noms, des prénoms, des adresses. Et cela pour les 11 458 enfants juifs arrêtés en France entre juillet 1942 et août 1944 et envoyés vers les camps de la mort. Cette carte interactive d'un genre inédit est accessible en ligne. Elle fait simultanément l'objet d'une exposition sur les grilles du Conservatoire national des arts et métiers, dans le 3e arrondissement de Paris, l'un de ceux où le plus d'enfants furent arrêtés. Cette carte a été réalisée par Jean-Luc Pinol, un historien, professeur à Normale Sup, à partir des données collectées depuis des années par Serge Klarsfeld. Leur rencontre a donné naissance, en 2012, à une première cartographie de la déportation des enfants juifs, limitée à Paris.
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Leur travail, très spectaculaire, est aujourd'hui étendu à toute la France. Il ancre des faits d'il y a soixante-dix ans dans le paysage actuel. L'expérience est marquante : entrer son adresse personnelle sur le site permet souvent de découvrir que des enfants ont été arrêtés tout près. A part la Corse, pas un département n'a été épargné.
Le projet, cependant, dépasse le cadre de la mémoire et de l'émotion. C'est aussi un outil permettant aux historiens de poser des hypothèses, de les tester, et de mettre en évidence certains phénomènes. A Paris, la cartographie montre ainsi qu'un quart des enfants arrêtés résidaient dans des îlots insalubres. On est loin de la mythologie antisémite sur les juifs richissimes.
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A l’origine de cette initiative, deux hommes. Le premier est Serge Klarsfeld. Depuis des décennies, il œuvre pour soustraire les victimes de la Shoah à l’anonymat. Au départ, il s’agissait pour cet avocat, chasseur d’anciens nazis, d’arriver aux procès avec le maximum de preuves, de montrer la masse des déportés. Au fil des années, il est surtout devenu un militant de la mémoire, déterminé à rendre leur identité à tous ceux dont les nazis voulaient faire disparaître jusqu’à la trace.
« LE CRIME ABSOLU »
C’est ainsi qu’a été publié en 1978 le premier Mémorial de la déportation des juifs de France, un épais volume dans lequel étaient recensés près de 80 000 noms. En 1993, sa lutte contre l’oubli s’est poursuivie avec un mémorial spécifiquement consacré aux enfants, « parce que c’était l’innocence saccagée, le crime absolu », explique M. Klarsfeld, qui a lui-même échappé de peu à la Gestapo en 1943, alors qu’il était âgé de 8 ans. Un livre, à nouveau, illustré par les clichés de plus de 1 500 garçons et filles. Photos de famille, derniers sourires avant le massacre. Depuis, la collecte des images continue. « J’ai déjà publié dix additifs au Mémorial des enfants, je prépare le onzième », précise l’infatigable M. Klarsfeld.
Le deuxième homme-clé de cette carte, de quinze ans plus jeune, s’appelle Jean-Luc Pinol. Cet historien, professeur à l’Ecole normale supérieure de Lyon, est tombé très tôt dans les fiches perforées, l’informatique, et s’est passionné pour la cartographie, « un outil formidable pour donner à voir l’Histoire ». Il est notamment le coauteur d’un Atlas des Parisiens. De la Révolution à nos jours (Parigramme, 2009).
Klarsfeld et ses milliers de dossiers serrés dans des cartons, Pinol, son ordinateur et ses cartes numériques : leur rencontre a donné naissance, en 2012, à une première cartographie de la déportation des enfants juifs, limitée à Paris. Leur travail, très spectaculaire, est aujourd’hui étendu à toute la France, avant sans doute d’être élargi aux adultes déportés.
La force première de cette carte tient à ce qu’elle permet d’ancrer des faits d’il y a soixante-dix ans dans le paysage actuel. La Shoah n’est pas uniquement un chapitre dans les manuels d’histoire. « Elle s’est déroulée là où les gens vivaient, là où ils vivent encore », souligne Serge Klarsfeld. L’expérience est marquante : entrer son adresse personnelle sur le site permet souvent de découvrir que des enfants ont été arrêtés tout près. A part la Corse, pas un département n’a été épargné.
Ce travail s’inscrit dans le mouvement engagé depuis une vingtaine d’années pour transmettre la mémoire de la déportation, à partir des recherches de Serge Klarsfeld. Le projet évoqué par Nicolas Sarkozy en 2008 de faire parrainer un enfant déporté par chaque élève de CM2 a certes été abandonné, afin de ne pas leur faire porter le poids des morts. Mais des centaines de plaques commémoratives ont été apposées sur des écoles. Plus de 330 rien qu’à Paris. En France, une vingtaine d’établissements portent le nom d’enfants juifs déportés. Ce sera peut-être bientôt le cas à Rethel (Ardennes), où le conseil municipal envisage de transformer l’école Mazarin en école Hélène-Cyminski, en souvenir d’une fillette de 10 ans qui l’avait fréquentée.
« ACCROCHER LES ÉLÈVES »
« Cette carte fait partie des outils qui permettent de renouveler les approches pédagogiques, d’accrocher les élèves en croisant les textes, les données, les vidéos », confirme Emmanuel Debono, un jeune enseignant-chercheur associé au projet qui travaille aussi pour la Fondation des archives de l’histoire audiovisuelle des survivants de la Shoah, créée par Steven Spielberg.
Le projet, cependant, dépasse le cadre de la mémoire et de l’émotion. « Avec la carte au 3 000e, quand les noms s’affichent, on est dans le mémoriel, constate M. Pinol. Dès que l’on prend un peu de recul, que l’on englobe toute une ville, on bascule dans l’analyse de l’histoire urbaine. »
La carte devient alors un outil permettant aux historiens de poser des hypothèses, de les tester, et de mettre en évidence certains phénomènes. A Paris, la cartographie montre ainsi qu’un quart des enfants arrêtés résidaient dans des îlots insalubres. Dont 37 dans le seul immeuble du 5, rue du Corbeau, l’actuelle rue Jacques-Louvel-Tessier (10e arrondissement), qui fut longtemps le plus grand taudis de Paris. On est loin de la mythologie antisémite sur les juifs richissimes… Arrivés en France de plus ou moins fraîche date, la plupart d’entre eux vivaient en réalité dans des quartiers pauvres. Ceux-là mêmes où se retrouvèrent ensuite les immigrés algériens.
Un zoom arrière supplémentaire, et c’est toute la France qui s’affiche à l’écran. De quoi relier l’histoire individuelle à « l’Histoire avec sa grande hache », pour reprendre la formule de Georges Perec. De quoi, aussi, se poser des questions. Pourquoi la capitale est-elle surreprésentée, par exemple ? A lui seul, l’ancien département de la Seine a concentré près de 7 000 déportations d’enfants, pour 4 500 en province. Un reflet de la forte présence juive à Paris, mais aussi de la relative difficulté de s’y cacher. « Les juifs ont été moins arrêtés dans les zones où ils étaient plus dispersés », commente l’historien Michel Laffitte, auteur notamment de Juif dans la France allemande (Tallandier, 2006) et d’A l’intérieur du camp de Drancy (Perrin, 2012), cosigné avec Annette Wieviorka. A l’inverse, les arrestations restent rares en Bretagne, en Normandie, dans le Cantal ou encore en Bourgogne.
Autre interrogation : quel rôle a joué la ligne de démarcation ? « Le sud de la France a longtemps été un désert juif, à l’exception de Bayonne et du Comtat Venaissin, explique M. Laffitte, en examinant l’image. A partir de l’instauration de la ligne de démarcation, en 1940, ce désert commence à se peupler de juifs dispersés » qui veulent quitter la zone occupée où le port de l’étoile est obligatoire. Cet exode se transforme en « mouvements browniens », moins faciles à identifier à compter de la disparition de la zone dite libre, en novembre 1942, ajoute-t-il.
Beaucoup de juifs se pressent alors dans la zone italienne, autour de Nice, y espérant un abri sûr. Mais, en septembre 1943, les Allemands pénètrent dans cette dernière zone préservée. « Ce qui était un refuge devient un piège », décrypte M. Debono. Dans la région de Grenoble et de Nice, l’équipe mobile d’Alois Brunner se lance alors dans la chasse aux juifs. C’est elle qui arrêtera Arno Klarsfeld, réfugié à Nice, sous les yeux de son fils Serge, caché avec sa mère et sa sœur dans le double fond d’une armoire.
Sur la carte interactive, un point attire l’œil : Saint-Martin-Vésubie (Alpes-Maritimes), et ses 66 enfants déportés. En 1943, des centaines de familles juives étrangères se trouvaient dans ce village. Lorsque la capitulation italienne sonne la fin de la trêve, nombreux sont ceux qui tentent de fuir, en traversant les Alpes à pied. Mais beaucoup sont rattrapés puis rassemblés dans des camps comme Borgo San Dalmazzo, en Italie, avant d’être envoyés à Nice, Drancy, puis Auschwitz. « Les frontières suisses, italiennes, la ligne de démarcation forment les limites d’un filet dans lequel les juifs se sont fait prendre », résume Michel Laffitte.
La carte suscite également des questions sur l’Union générale des israélites de France (UGIF), cet organisme créé par Vichy sur injonction des Allemands. Plusieurs rafles ont eu lieu dans des foyers qui en dépendaient directement ou indirectement, comme La Rose, à Marseille, ou la Maison d’Izieu (Ain). « L’UGIF a sauvé bien plus d’enfants qu’il n’y en a eu de déportés à partir de ses centres », affirme néanmoins M. Laffitte.
Pourquoi tant d’arrestations dans de petits villages des Ardennes ? Pourquoi certains ont-ils passé entre les mailles du filet ? La carte ne répond pas à tout. Mais elle aide à réfléchir. Et elle incite à imaginer d’autres cartes encore. M. Debono rêve déjà d’établir celles des Justes, « de cette chaîne de solidarité qui a permis de sauver 75 % des juifs de France ».
- Denis Cosnard
Journaliste au Monde
En attendant nous vous invitons à consulter le site de l'exposition :
LA DÉPORTATION DES ENFANTS JUIFS DU 3E ARRONDISSEMENT DE PARIS
actuellement présentés sur les grilles du CNAM (Paris 3e) jusqu’à mi-mars 2014
Jean-Luc Pinol et Gérald Foliot