Marseille: La stèle Missak Manouchian à nouveau profanée

Une fois de plus, le 13 février 2017, la stèle Missak Manouchian, située sur le square éponyme au coeur du 7ème arrondissement de Marseille a été de nouveau profanée. Cet acte fait suite à ceux perpétrés en 2014 par des groupuscules d’extrême droite.
 
Voir sur notre site l’inauguration de la stèle le 20 février 2010 sur la page http://www.jzayenp.fr/432512672
 
 

Groupe Manouchian : une commémoration au goût amer à Marseille

LA PROVENCE - Dimanche 19/02/2017 à 09H30 Dimanche 19/02/2017 à 09H36

 
Après que le buste du militant et poète arménien a de nouveau été profané,
la cérémonie de samedi a ravivé les valeurs d’humanisme et de résistance .
 
"Voilà 73 ans que les 23 sont tombés pour la France. Nous sommes fiers, nous, issus de l’immigration, de ceux qui n’avaient même pas la nationalité française et qui pourtant ont pris les armes pour défendre et vaincre la bête immonde, le fascisme."
 
Ces mots très forts prononcés par Simon Azilazian, vice-président du Conseil de coordination des organisations arméniennes de France, au début de la cérémonie de commémoration de l’exécution du groupe de l’Affiche rouge, fusillé en 1944 par les nazis au mont Valérien, ont résonné dans le square Manouchian, boulevard Charles-Livon (7e), près du palais du Pharo.

Une foule compacte s’y pressait hier matin devant la stèle érigée en 2010 en mémoire du résistant communiste arménien Missak Manouchian. S’ils ont résonné autant, c’est aussi parce que l’actualité vient tristement rappeler à quel point les leçons de l’histoire ont besoin d’être réaffirmées, les valeurs humanistes et de résistance défendues. En effet, il y a quelques jours, le buste du célèbre militant a de nouveau été profané. L’enquête est en cours mais "cet acte fait suite à ceux perpétrés en 2014 par des groupuscules d’extrême droite", dénoncent plusieurs organisations arméniennes. Cette précédente profanation avait débouché sur la condamnation de deux figures locales de l’extrême droite : Olivier Biancotto, actuel délégué départemental du Parti de la France créé par l’ex-FN Carl Lang ; et son complice, David Guichard, connu pour ses penchants néonazis (notre édition du 16 février).

"Des imbéciles incultes, des minables veulent salir ce qui a fait la richesse, la beauté et la force de la France", reprenait Simon Azilazian, qui a ensuite confié que les soupçons se portent "de nouveau sur ces groupuscules d’extrême droite puisque le buste a été tagué durant plusieurs jours, victime d’un acharnement. Nous souhaiterions que le square soit davantage protégé, que des caméras soient installées." Et le coordinateur de l’Association des anciens combattants et résistants français d’origine arménienne de rappeler : "Nous mènerons un âpre combat pour que la panthéonisation du groupe Manouchian promise par François Hollande tout comme le “naming” du lycée La Fourragère promis par Patrick Mennuci soient effectifs."
 
 
"Profaner cette stèle, c’est profaner les héros de la Résistance. Nous venons de vivre depuis la Libération plus de 70 ans de paix relative. (...) Il ne faudrait pas que cette paix fasse oublier les dangers des conflits", a alerté Jean-Paul Chiny, président du comité de Marseille de l’Anacr (Association des anciens combattants et ami(e)s de la Résistance), évoquant une situation mondiale inquiétante avec "l’essai de dislocation de l’Europe par le nouveau locataire du gouvernement des États-Unis et la prolifération des discours populistes".
 
L’esprit du CNR
 
Une situation qui pousse Jean-Paul Chiny, comme le font régulièrement des intellectuels comme Edgar Morin, à rappeler l’esprit de ceux qui furent à l’origine du Conseil national de la Résistance (CNR), "instillant un formidable élan de solidarité dans le pays". "La Résistance est un phénomène unique dans notre histoire, il y avait toutes les classes sociales, toutes les religions, tous les partis politiques. Tous avaient les mêmes valeurs spirituelles, républicaines et humanistes. Et rappelons les lignes directrices du CNR : le vote des femmes, une seule école pour tous, la naissance des comités d’entreprise, l’Éna et la Sécurité sociale que tout le monde nous envie. Personne n’a le droit de toucher à son fondement !", a-t-il martelé.

Plusieurs élus étaient également présents hier. Henri Jibrayel, député marseillais PS, a par ailleurs insisté sur l’idée de proposer une nouvelle loi qui pénaliserait la négation du génocide arménien, le Conseil constitutionnel ayant retoqué la précédente. Un combat qu’il compte mener avec la sénatrice PS Samia Ghali. Présents aussi, l’acteur Gérard Meylan, des représentants d’associations, de la CGT qui avait appelé à la mobilisation, un représentant de la communauté kurde de Marseille, les scouts apostoliques de Marseille, la présidente de la Jeunesse arménienne de France, Anahid Kaloudjian, des religieux.
Tous ont demandé à ce que "la France redevienne un grand pays de respect des droits de l’Homme, capable d’intégrer ses immigrés"
 
Sabrina Testa
 
 
NB:
Mr Jean-Paul Chiny, Président du Comité ANACR de Marseille, nous informe aimablement de l’article ci-dessus en nous rappelant “qu’il y a plusieurs décennies Gaston Defferre avait confié au Comité de Marseille de l’ANACR l’organisation de cette commémoration de l’Affiche Rouge.”